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ment en fonction du temps, l’activité d’un condensateur diminuant de moitié en 36 minutes environ. En effectuant des mesures croisées, on peut établir quelles sont, au même instant, les activités de tous les condensateurs. On constate que l’activité croît d’abord quand on s’écarte de l’origine du tube où se trouvait la substance active ; elle passe ensuite par un maximum, puis commence à décroître ; la loi de décroissance est alors la même que celle que l’on observe dans les mesures du pouvoir ionisant de l’émanation, de sorte que, dans la région du tube qui suit le maximum, la radioactivité induite est proportionnelle à la concentration de l’émanation qui lui a donné naissance, et peut servir à mesurer cette concentration. Dans la figure 49, la ligne II représente le logarithme du pouvoir activant de l’émanation en fonction du temps. L’anomalie observée dans la portion du tube comprise entre l’origine et la région du maximum n’a pas encore été complètement expliquée. On peut imaginer, ainsi qu’avait supposé M. Debierne, que l’émanation se compose de deux produits gazeux distincts : une première émanation formée par l’actinium, douée de pouvoir ionisant et ayant une loi de décroissance caractérisée par la constante T = 3,9 sec., se transformerait en une deuxième émanation inactive, mais produisant la radioactivité induite, et se détruisant bien plus rapidement que la première. Un certain temps serait alors nécessaire pour que la deuxième émanation se forme dans le gaz qui passe sur l’actinium et entraîne la première. Quand la région du maximum est dépassée, les concentrations des deux émanations sont proportionnelles, la proportionnalité résultant d’un équilibre de régime entre la production et la destruction de la deuxième émanation. La radioactivité induite est proportionnelle à la concentration de la deuxième émanation.

On peut aussi essayer d’expliquer le même phénomène sans admettre l’existence de deux émanations, et en supposant que le dépôt de radioactivité induite qui se forme dans le gaz demande un certain temps, d’ailleurs très court, pour se diffuser et pour parvenir à se déposer sur la paroi du tube. Certaines expériences sont en faveur de cette manière de voir, mais la question ne peut être considérée comme résolue.

La décroissance de l’émanation de l’actinium peut être observée qualitativement au moyen du dispositif suivant utilisé par M. De-