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on l’envoie dans un condensateur de mesures, on constate que son activité est la même que dans le cas où le courant de gaz carbonique est remplacé par un courant d’air de même vitesse, le dispositif expérimental restant d’ailleurs le même. Cette expérience prouve que l’activité du gaz qui a passé sur l’oxyde de thorium ne doit pas être considérée comme une sorte de modification peu profonde de ce même gaz ou comme une activité temporaire appartenant à ce gaz, mais bien comme la propriété d’un agent qui se trouve dans le gaz à l’état de mélange.

L’émanation du radium se comporte comme celle du thorium ; elle ne se montre pas sensible à l’action des réactifs chimiques variés très énergiques dont il vient d’être question.

MM. Ramsay et Soddy[1] ont fait passer pendant plusieurs heures des étincelles électriques au travers de l’oxygène contenant de l’émanation du radium et mis en présence d’alcali ; l’oxygène était ensuite absorbé par le phosphore. L’émanation restait inaltérée dans l’appareil ; en introduisant de l’air dans celui-ci, on pouvait transporter le mélange dans un condensateur de mesures et vérifier que l’activité n’avait éprouvé aucune variation anormale.

En se basant sur les résultats des essais qui viennent d’être décrits, on peut considérer les émanations radioactives comme des gaz qui n’ont pas d’affinités chimiques, et les assimiler aux gaz, dits inertes, de la famille de l’argon. On peut, en même temps, admettre, en poursuivant cette analogie, que les émanations radioactives ont une molécule monoatomique.


67. Rayonnement et charge des émanations. — Les trois émanations émettent un rayonnement ionisant. Ce rayonnement ne comprend pas de rayons pénétrants ; il est entièrement composé de rayons absorbables, du genre . Nous avons vu comment ce fait a été mis en évidence pour l’émanation du radium par les expériences de P. Curie (§ 59). Pour l’émanation du thorium le dispositif suivant peut être employé : un courant d’air qui passe sur la substance active entraîne l’émanation dans la boîte B (fig. 62) dont le couvercle contient une fenêtre fermée par une lame mince d’aluminium ou de mica. On mesure l’ionisation

  1. Ramsay et Soddy, Proc. Roy. Soc., 1903.