Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’effet des variations de température est réversible tant que la température de déémanation n’a pas été atteinte. Quand celle-ci a été dépassée, l’effet de la chauffe peut être détruit en faisant passer le produit par l’état de dissolution. L’effet de la chauffe consiste donc, comme dans le cas des sels de radium, en une altération des propriétés du produit qui est rendu moins perméable à l’émanation, mais la faculté de produire celle-ci n’est pas influencée.

Le dégagement de l’émanation du thorium est facilité par la dissolution. L’azotate de thorium dissous dégage trois ou quatre fois plus d’émanation que la quantité correspondante d’oxyde de thorium. Quand on dissout rapidement dans l’eau chaude une certaine quantité d’azotate de thorium contenue dans un flacon, l’émanation accumulée dans ce sel se dégage et peut être entraînée dans un appareil de mesures par un courant d’air rapide qui traverse la solution pendant 25 secondes. Le courant d’ionisation est mesuré immédiatement, puis la solution est abandonnée à elle-même pendant 10 minutes. Au bout de ce temps l’état de régime entre la production et la destruction de l’émanation est atteint ; on entraîne alors l’émanation accumulée en opérant exactement comme dans le cas précédent, et l’on fait une nouvelle mesure. On trouve que l’émanation limite qui s’est accumulée dans le sel dissous produit le même courant que l’émanation qui était accumulée dans le sel solide. C’est ce que l’on pouvait prévoir si la production d’émanation est la même dans le sel solide et dans le sel dissous, et si le sel solide ne dégage pas d’émanation à l’extérieur, condition réalisée approximativement pour l’azotate[1].

L’azotate de thorium solide doit contenir une quantité d’émanation limite qui peut être calculée en supposant une production constante et une destruction suivant la loi exponentielle caractéristique. On a alors pour cette quantité limite


désigne la quantité d’émanation produite par seconde et par

  1. Rutherford, Radioactivity, 1901.