Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/400

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lames vient aussi influencer la distribution. Il semble difficile dans ces conditions d’établir une théorie susceptible d’une vérification numérique satisfaisante. On peut cependant conclure que le rôle de la recombinaison doit devenir très important, quand la concentration des ions est suffisante. La recombinaison a pour effet d’abaisser la distance à laquelle le dépôt actif est puisé dans le gaz, et comme son importance croît avec la concentration des ions, il doit en résulter que, conformément à l’expérience, la courbe d’activation des lames en fonction de l’espace libre (fig. 86) affecte une forme qui dépend de la concentration de l’émanation.

Il est possible que les particules non chargées soient aussi absorbées par les surfaces solides en proportion notable. Enfin on peut penser que les phénomènes d’agglomération et de recombinaison se produisent indépendamment. Nous avons vu que l’étude du déplacement des particules dans un champ électrique conduit à leur attribuer une mobilité voisine de celle des ions gazeux qui sont peut-être constitués par des agglomérations de masses plusieurs fois plus grandes que celle d’une molécule d’air. Il est de plus certain, qu’en présence de traces de vapeur d’eau, il se trouve dans les gaz des agglomérations qui portent le dépôt actif et qui sont assez importantes pour subir l’action de la pesanteur (§ 86). Cependant M. Debierne n’a pu constater aucune influence de la présence de la vapeur d’eau sur le phénomène de diffusion ; il est donc probable que les particules qui subissent l’action de la pesanteur ont déjà perdu avant de s’agglomérer la faculté de se fixer sur les parois solides.

Les courbes de la figure 87 permettent de comparer l’activation en fonction de la distance dans l’air et dans l’hydrogène. On voit que, dans ce dernier gaz, la courbe obtenue avec une forte concentration de l’émanation présente, avec la courbe obtenue pour la même concentration dans l’air, un écart encore plus grand que la courbe obtenue également dans l’air pour une concentration faible. Ce résultat s’interprète par la grande vitesse de diffusion des particules dans l’hydrogène. On a pu remarquer, sur certaines courbes obtenues avec une forte concentration en émanation, que l’activité des lames, après avoir atteint une certaine limite pour une distance déterminée, va en diminuant légèrement quand la distance entre les lames continue à augmenter. Il semble qu’il y