Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/438

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5o La théorie est en accord avec l’hypothèse fondamentale d’après laquelle la radioactivité est un phénomène atomique. Elle développe cette hypothèse et l’étend aux phénomènes d’activité temporaire, considérés comme appartenant à des substances chimiquement distinctes. Elle reçoit à ce point de vue une confirmation importante dans les travaux récents qui mettent hors de doute que l’émanation du radium est un gaz susceptible d’être isolé et caractérisé par son spectre.

6o La radioactivité constante de l’uranium, du radium, de l’actinium, du thorium, n’est pas en désaccord avec la théorie. Il suffit d’admettre que la destruction de ces corps est très lente. Les travaux récents sur la production du radium dans les minéraux radioactifs sont venus confirmer la supposition que le radium est soumis à une loi de destruction spontanée.


Remarque. — M. Rutherford a été amené à admettre que certaines transformations radioactives peuvent avoir lieu sans émission de rayons (rayless change). Les expériences tendent à prouver de plus en plus qu’il existe effectivement des transformations qui ne comportent aucune émission de rayons mais qu’il y a toujours au moins émission de rayons . Toutefois la possibilité d’une transformation atomique non accompagnée de rayonnement n’est évidemment pas exclue. Si une substance inactive se transforme en une substance également inactive, ce fait ne pourra pas être constaté par les procédés d’étude de la radioactivité, mais on peut constater la transformation d’une matière inactive en matière active, ce dont nous verrons des exemples dans la suite de cet Ouvrage.


97. Écarts à partir de la loi simple des transformations radioactives. — Nous avons vu que, d’après la théorie adoptée, toute substance radioactive simple se transforme suivant une loi telle que le nombre d’atomes détruits dans l’unité de temps est proportionnel au nombre des atomes présents. Une loi semblable exprime simplement que la probabilité pour qu’un atome se trouve détruit pendant un temps donné est la même pour tous les atomes et indépendante de leur nombre, cette probabilité étant d’ailleurs proportionnelle au temps d’observation. Ce n’est donc autre chose