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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/95

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cules chargées, ayant chacune une masse électromagnétique propre. Dans cette manière de voir, la Mécanique actuelle ne constituerait qu’une première approximation d’une Mécanique plus générale, dans laquelle la masse, considérée comme coefficient d’inertie, serait une fonction de la vitesse et de l’accélération. Une théorie de ce genre est loin d’être établie. Toutefois on voit que la conception d’une masse invariable resterait correcte à moins de 1 pour 100 près pour des vitesses inférieures à un dixième de la vitesse de la lumière, et que les formules ordinaires de la Mécanique sont applicables dans ces limites même aux électrons en mouvement.


22. Rayonnement d’énergie d’un électron soumis à une accélération. — Quand une particule chargée est animée d’un mouvement de translation uniforme, l’énergie électromagnétique de son sillage est répartie dans l’espace environnant et se trouve localisée presque entièrement au voisinage immédiat de la particule ; ce fait résulte de la loi rapide de décroissance en raison inverse du carré de la distance des deux champs électrique et magnétique. L’énergie du sillage accompagne la particule dans son mouvement, et comme la configuration du système reste invariable, il n’y a pas d’énergie rayonnée à distance. Ce même résultat peut être prévu d’une manière différente, en se plaçant au point de vue adopté par M. Lorentz.

On sait qu’une perturbation d’un champ électromagnétique ne peut se faire sentir à distance instantanément, mais se propage de proche en proche dans l’espace avec la vitesse de la lumière. Conformément à cette conception, M. Lorentz considère le champ électromagnétique produit par une particule chargée comme déterminé non pas par l’état actuel de la particule, mais par l’ensemble des états antérieurs.

L’état de mouvement de la particule située en à l’instant détermine à l’instant l’état du milieu en tous les points d’une sphère de rayon ayant son centre en . De même l’état de la particule entre les instants et détermine à l’instant l’état du milieu dans la couche ou pellicule comprise entre deux sphères dont les rayons sont et et dont les centres sont les positions de la particule aux instants et . Le champ électromagnétique à l’intérieur de cette pellicule peut être consi-