Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/201

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rayons X, bien qu’aucune preuve décisive n’ait encore pu être apportée en faveur de cette théorie. Les expériences sur la polarisation des rayons X secondaires et primaires viennent cependant à l’appui de cette manière de voir[1]. En considérant que le passage d’une perturbation électromagnétique sur un électron en repos a pour effet initial d’imprimer à celui-ci une accélération dans la direction du champ électrique, et que le champ électrique dans une onde électromagnétique est normal à la direction de propagation, on peut prévoir que l’intensité de la radiation X secondaire émise par un radiateur métallique ne doit pas être la même dans toutes les directions, mais que pour une direction déterminée elle dépend de l’orientation de cette direction par rapport à celle du faisceau primaire. Cette prévision a été confirmée par les expériences de M. Barkla à ce sujet.

Les rayons semblent analogues aux rayons X, et les conditions de leur production semblent présenter également une analogie correspondante. Les rayons sont, en effet, dans tous les cas connus, inséparables des rayons et ont une intensité proportionnelle à celle de ces derniers. On peut donc penser que leur émission dépend de celle des rayons comme l’émission des rayons X dépend de celle des rayons cathodiques. Toutefois on n’a pas encore constaté avec certitude l’émission de rayons par des radiateurs recevant des rayons exempts de rayons M. Eve a signalé l’émission de rayons secondaires genre sous l’influence des rayons pénétrants du radium, mais la production de rayons à partir de rayons n’a pas été absolument prouvée.

Une différence importante avait été constatée entre les rayons et les rayons X au point de vue du pouvoir ionisant de ces rayons pour différents gaz. M. Strutt[2] a montré que tandis que pour les rayons du radium l’ionisation du gaz est approximativement proportionnelle à sa densité, il n’en est pas de même pour les rayons X qui produisent une ionisation beaucoup plus grande dans l’hydrogène sulfuré et dans l’acide chlorhydrique que dans l’air, bien que la densité de ces gaz ne soit pas très différente de celle de l’air. Toutefois il ne faut pas oublier que les rayons ont un pouvoir pénétrant considérablement plus grand que celui des rayons X

  1. Barkla, Jahrbuch d. Rad., 1908.
  2. Strutt, Phil. Trans., 1901.