Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et peuvent pour cette raison avoir des propriétés différentes. Il résulte des recherches de M. Eve[1] que l’écart dont il est question ici est bien moindre pour les rayons X provenant d’un tube très dur ; ces rayons étaient cependant encore 40 fois moins pénétrants que les rayons puisque leur coefficient d’absorption pour le plomb était égal à 22, celui des rayons du radium étant environ 0,5.

Voici les résultats des expériences de M. Strutt et de M. Eve à ce sujet :


Conductibilité relative du gaz.
Rayons X :

Gaz.
Densité
relative.
   
mous.
   
durs.
   
Rayons .
Hydrogène 
0,07 30,11 10,42 0,19
Air 
1,07 31,11 11,42 1,19
Hydrogène sulfuré 
1,27 36,11 10,92 1,23
Chloroforme 
4,37 32,11 14,62 4,89
lodure de méthyle 
5,07 72,11 13,52 5,69
Tétrachlorure de carbone 
5,37 45,11 14,92 5,29


Pour chaque gaz l’ionisation était déterminée pour une pression convenable ; les résultats ont été ensuite rapportés à la même pression, l’ionisation étant proportionnelle à la pression pour les rayons pénétrants.

M. Eve a d’ailleurs constaté que la conductibilité du gaz est due en grande partie aux rayons secondaires. Les expériences étaient faites avec deux électroscopes contenus dans une boîte qu’on remplissait du gaz étudié ; les rayons agissaient par des fenêtres pratiquées dans la paroi de la boîte. Quand un des électroscopes était intérieurement recouvert de feuilles d’aluminium, l’ionisation était fortement diminuée ; dans le cas des rayons X la proportion de l’ionisation due aux rayons secondaires pouvait atteindre 70 pour 100 ; dans le cas de rayons cette proportion était très inférieure.

Il semble, d’après ce qui précède, que le mode d’action des rayons et des rayons X sur les gaz ne puisse pas suffire pour établir entre ces rayons une différence de nature et que, par suite, l’hypothèse faite sur la nature des rayons Röntgen soit aussi applicable aux rayons

Dans des publications diverses, M. Bragg[2] a émis l’opinion que

  1. Eve, Phil. Mag., 1904.
  2. Bragg, Phil. Mag., 1908 ; Le Radium, 1908.