Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

être mise en évidence[1]. D’après M. D. Berthelot[2] certains échantillons de quartz ne se colorent pas, et la coloration est due à la présence d’impuretés. Il est probable que la coloration du quartz enfumé naturel est due aussi à des radiations antérieurement reçues.

Divers corindons se colorent sous l’action des rayons du radium. On a vu plus haut qu’un effet analogue est produit sur le diamant.

La nature de toutes ces colorations est encore peu connue. Dans le cas des sels alcalins MM. Elster et Geitel ont cherché à expliquer la coloration par la mise en liberté du métal alcalin qui se trouve ensuite dans le sel à l’état de solution solide. Cette interprétation est basée sur ce fait que les sels alcalins colorés par les rayons cathodiques produisent d’une manière intense le phénomène photoélectrique (émission d’électricité négative par éclairement à la lumière ultraviolette), qui est aussi très facilement produit par les métaux alcalins.

Les colorations dues aux rayons du radium disparaissent lentement par l’action de la lumière et rapidement par l’action de la chauffe. On a vu que la thermoluminescence et la production de phosphorescence sont généralement accompagnées d’une coloration plus ou moins rapide de la substance soumise à l’action des rayons.

Tous les groupes de rayons produisent la coloration ; mais tandis que celle qui est produite par les rayons est peu profonde, l’effet des rayons pénétrants est plus homogène dans la masse de la substance.

La zone colorée due à l’action des rayons sur le verre, apparaît nettement limitée. Quand la matière active est au contact du verre, l’épaisseur de cette zone correspond bien au parcours des rayons dans le verre, tel qu’on peut le calculer (0mm,039 pour les rayons du radium)[3].

Certains minéraux (biotite, cordiérite, muscovite) contiennent des régions colorées, franchement limitées, nommées halos pléochroïques ; ces régions se forment autour de cristaux microscopiques

  1. Salomonsen et Dreyer, Comptes rendus, 1904.
  2. D. Berthelot, Comptes rendus, 1907.
  3. Rutherford, Phil. Mag., 1910.