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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/269

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l’expérience pour des mesures aussi délicates est tout à fait remarquable.

La production d’hélium, étant considérée comme résultant de l’émission de particules doit être une propriété commune à toutes les substances radioactives qui donnent lieu à une telle émission. Cette production a été récemment mise en évidence pour le polonium[1]. Le polonium était en solution, et les particules émises étaient presque entièrement absorbées dans le liquide. L’hélium contenu dans les gaz dégagés était séparé par la méthode de M. Debierne. Le volume d’hélium obtenu (1mm3,3) était en bon accord avec celui qu’on pouvait prévoir d’après l’activité du produit.

M. Soddy[2] a réussi à prouver la production d’hélium par l’uranium et le thorium. Cette production est nécessairement très faible, ainsi qu’on peut en juger d’après l’émission de rayons par l’uranium et le radium. En comparant l’activité de ces deux éléments dans des conditions où la couche radiante est assez mince pour ne pas donner lieu à une absorption appréciable, on trouve que l’ionisation produite par le rayonnement d’un gramme de radium au minimum d’activité est à l’ionisation produite par le rayonnement d’un gramme d’uranium dans le rapport 1,3.106. Les parcours des particules du radium et de l’uranium étant peu différents, ce nombre mesure aussi le rapport des nombres des particules émises pendant le même temps. Par conséquent un gramme d’uranium émet par an une quantité d’hélium 5,2.106 fois plus petite que celle qui est émise par un gramme de radium en équilibre radioactif, soit environ 3.10-8 centimètre cube. Le dispositif expérimental permettant de voir une quantité d’hélium égale à 10-6 centimètre cube, la production d’hélium devait pouvoir être décelée en quelques mois avec la quantité de matière employée, égale à 350g environ. Pour le thorium on peut prévoir une production du même ordre.

La solution d’uranium ou de thorium était enfermée dans un récipient dans lequel on avait fait un vide aussi parfait que possible ; on faisait bouillir la solution pour en chasser les gaz ; les gaz autres que ceux de la famille de l’argon étaient absorbés par le calcium

  1. Mme Curie et A. Debierne, Comptes rendus, 1910.
  2. Soddy, Nature, 1908.