Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/272

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mique demandé à l’émanation est plus grand ; en agissant sur le cuivre, l’émanation lui fait subir une dégradation en éléments de sa famille, de poids atomique inférieur : potassium, sodium, lithium.

Les résultats signalés paraissaient d’une importance fondamentale. En effet, dans la manière de voir généralement admise, l’hélium était produit par l’émanation du radium indépendamment de toute intervention de l’expérimentateur, et son identité avec les particules paraissait très probable bien qu’elle ne fût pas encore démontrée d’une manière aussi probante qu’actuellement. La conception de MM. Ramsay et Cameron était contraire à l’opinion généralement établie au sujet des phénomènes radioactifs, d’après laquelle ces phénomènes ne semblaient pas pouvoir être influencés par les conditions de l’expérience et semblaient échapper totalement à l’influence de toute intervention étrangère. Il était donc très important de décider si les phénomènes signalés avaient lieu effectivement, car leur confirmation nécessitait un changement profond des théories de la radioactivité.


Voici en quoi consistent les expériences principales :


1o Action de l’émanation du radium sur les solutions des sels de cuivre. — Une solution de sel de cuivre (sulfate ou azotate) est placée dans un petit ballon de verre dans lequel on introduit une forte quantité d’émanation qu’on laisse s’y détruire spontanément. Ensuite on sépare le cuivre ; la solution restante est évaporée à sec et l’on examine le résidu. Les mêmes opérations sont effectuées avec une solution du même sel de cuivre qui n’a pas subi l’action de l’émanation. Les expériences ont été répétées plusieurs fois. Le résidu consistait surtout en sel de sodium (avec un peu de potassium et de calcium) ; dans les quatre expériences décrites, où l’on a fait agir l’émanation, la présence du lithium était observée à l’aide du spectroscope ; dans les expériences témoins, le résidu était notablement inférieur, et l’on ne constatait pas la présence du lithium. MM. Ramsay et Cameron ont fait un essai de détermination de la quantité de lithium observée et ont indiqué la présence d’environ 0mg,00017 de lithium dans le résidu qui pesait 1mg,67 pour 0g,27 de cuivre employé (0g,815 d’azotate de cuivre), tandis que dans l’expérience témoin correspondante le résidu était seulement de 0mg,79.