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pechblende, etc.). Toutefois en dosant le lithium dans les minéraux au moyen du spectroscope, on ne constate aucune relation entre les proportions de cuivre, de radium et de lithium ; de plus la gangue dans laquelle se trouvent les cristaux est souvent plus riche en lithium que le minéral lui-même ; si donc le lithium est présent à l’état de trace, on ne peut affirmer que cette trace n’appartient pas à la gangue plutôt qu’au minerai. On constate, par exemple, que la thorite qui ne contient presque pas de cuivre contient beaucoup de lithium, que l’autunite qui ne contient pas de cuivre contient incontestablement du lithium ; il en est de même de la gummite. La chalcolite contient beaucoup de cuivre, et à peine une trace de lithium qui peut provenir de la gangue. Ces résultats n’apportent donc aucune confirmation des expériences de M. Ramsay.

En collaboration avec Mlle Gleditsch, j’ai cherché à reproduire les expériences de MM. Ramsay et Cameron sur les solutions des sels de cuivre dans des conditions de sécurité aussi grandes que possible[1]. L’expérience est, en effet, délicate et comporte plusieurs causes d’erreur dont la principale est l’emploi d’un vase de verre, ainsi que M. Ramsay l’a fait remarquer lui-même.

Nos expériences préliminaires ont montré qu’il est extrêmement difficile d’avoir des produits chimiques exempts de lithium. On en trouve dans l’eau distillée, dans presque tous les réactifs ; si un réactif n’en contient pas et qu’on le laisse séjourner dans un vase de verre, il en contient des traces après quelque temps. L’expérience suivante a été faite : l’eau qui a été distillée dans un alambic en platine et conservée dans une bouteille de platine ne laisse aucun résidu visible après évaporation de 250cm3 dans une capsule de platine, et la dernière goutte résultant de la concentration ne donne pas le spectre du lithium. Mais si de l’eau obtenue de la même manière est conservée dans un flacon de verre pendant 24 heures, on peut constater après évaporation l’existence d’un petit résidu constitué principalement par un sel de sodium, mais contenant aussi une trace de lithium.

Il était indispensable de remplacer le verre par une autre matière. Cependant il est également dangereux d’employer le quartz, parce que les vases de quartz du commerce contiennent

  1. M. Curie et E. Gledistch, Comptes rendus, 1908.