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M. Giesel a remarqué l’action du radium sur les feuilles des plantes. Les feuilles soumises à l’action jaunissent et s’effritent.

M. Giesel a également découvert l’action des rayons du radium sur l’œil[1], Quand on place dans l’obscurité un produit radiant au voisinage de la paupière fermée ou de la tempe, on a la sensation d’une lumière qui remplit l’œil. Ce phénomène a été étudié par MM. Himstedt et Nagel[2]. Ces physiciens ont montré que tous les milieux de l’œil deviennent fluorescents par l’action du radium, et c’est ce qui explique la sensation de lumière perçue. Les aveugles, chez lesquels la rétine est intacte, sont sensibles à l’action du radium, tandis que ceux dont la rétine est malade n’éprouvent pas la sensation lumineuse due aux rayons.

Les rayons du radium empêchent ou entravent le développement des colonies microbiennes, mais cette action n’est pas intense[3].

Les rayons du radium agissent énergiquement sur la moelle et sur le cerveau. Après une action d’une heure, des paralysies se produisent chez les animaux soumis aux expériences, et ceux-ci meurent généralement au bout de quelques jours[4].

M. Bohn[5] a montré que l’action des rayons se produit surtout sur les tissus en voie de formation.

L’émanation du radium à forte dose introduite dans les poumons des animaux produit des effets toxiques[6]. Mais l’émanation à faible dose peut produire des effets stimulants, ainsi que cela a été constaté dans le cas du développement des têtards. On a constaté de même que les rayons émis par le radium peuvent exercer une action stimulante sur la respiration des plantes.

La littérature relative aux effets physiologiques du radium est déjà considérable, et il ne serait pas possible de décrire ici tous les résultats obtenus. Au point de vue des applications médicales les recherches effectuées sont également très nombreuses, et il

  1. Giesel, Naturforscherversammlung, München, 1899.
  2. Himstedt et Nagel, Ann. der Physik, t. IV, 1901.
  3. Aschkinass et Caspari, Ann. der Physik, t. VI. 1901. p. 570.
  4. Danysz, Comptes rendus, 16 février 1903.
  5. Bohn, Comptes rendus, 1903.
  6. Bouchard, Curie, Balthazard, Comptes rendus, 1904.