Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/295

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seulement environ 5 pour 100 du débit total. Cette différence peut s’expliquer soit par un manque de précision des données expérimentales, soit plutôt par cette considération qu’en dehors de l’énergie cinétique des rayons il faut envisager celle des rayons et celle des atomes radioactifs projetés en vertu du phénomène de recul (§ 84). On peut prévoir que l’énergie d’un atome radioactif projeté est de l’ordre de 2 pour 100 de celle d’une particule D’autre part, d’après différents expérimentateurs (Curie, Laborde, Runge et Precht), l’augmentation du débit de chaleur qu’on obtient en entourant le radium d’une enveloppe de plomb afin d’absorber très complètement les rayons est de l’ordre de 5 pour 100 du débit mesuré. Quant aux rayons leur effet calorifique doit être faible par rapport à celui des rayons parce que l’effet calorifique total ne semble pas augmenter pour des épaisseurs de plomb supérieures à 3mm.

Il semble, d’après ce qui précède, que lors de l’explosion des atomes de radium, l’énergie mise en liberté est presque entièrement utilisée pour communiquer aux particules expulsées leur vitesse d’émission, résultat qui n’était pas évident a priori, car on aurait pu penser que les parties restantes de l’atome exécutent à la suite de l’explosion de celui-ci des vibrations qui s’amortissent avec dégagement de chaleur.

Quand le radium est en équilibre avec l’émanation et la radioactivité induite, l’énergie cinétique du groupe de rayons du radium et celle de tous les quatre groupes de rayons sont entre elles, d’après les mesures de M. Rutherford, comme les nombres 4,78 et 24,9, dont le rapport est 0,192. D’après les expériences de M. Debierne les débits de chaleur du radium seul et du radium accompagné de l’émanation et de la radioactivité induite sont proportionnels aux nombres 18 et 100. Si l’on évalue à 5 pour 100 le débit de chaleur dû aux causes autres que l’absorption des rayons la proportion du débit de chaleur dû au radium seul serait 19 pour 100 du débit total attribuable aux rayons Ces deux résultats sont en très bon accord.

On peut prévoir que, pour les substances radioactives ayant des poids atomiques voisins, les quantités de chaleur dégagées par gramme de matière détruite sont de même ordre, si la destruction d’un atome entraîne l’expulsion d’une seule particule