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riences analogues, effectuées dans l’hydrogène, ont mis en évidence l’existence d’un parcours qui serait d’environ 0mm,7 à la pression atmosphérique. Si l’on porte en abscisses la distance des lames et en ordonnées la quantité de radium B recueillie, on trouve que celle-ci décroît suivant une loi approximativement linéaire quand la distance augmente ; une telle loi est conforme à l’hypothèse d’un parcours déterminé, si l’on suppose que l’émission des particules a lieu indifféremment dans toutes les directions. Ce résultat conduit à établir une analogie entre les propriétés des particules et celles des atomes radioactifs projetés.

Les atomes de radium B projetés peuvent traverser une couche très mince de matière solide, par exemple une couche d’argent dont l’épaisseur ne dépasse pas 20μμ ; l’expérience peut être faite avec une lame activée sur laquelle on détermine la formation d’un dépôt d’argent avant que la destruction du radium A soit achevée. Le rapport de l’épaisseur limite à la valeur du parcours dans l’air n’est pas éloigné du rapport des densités de l’air et de l’argent.

Le phénomène de projection du radium B offre un moyen simple pour obtenir cette substance sensiblement exempte de radium C, au moins pendant un temps court.

Pour étudier la projection du radium A, M. Wertenstein a mesuré l’activité que prend une lame chargée positivement et placée en face d’une autre lame à une distance déterminée, dans un récipient contenant de l’air chargé d’émanation à une pression d’environ 2cm de mercure. L’activité acquise croît avec la distance des lames, d’abord rapidement, ensuite plus lentement. Si l’activation n’était due qu’à la projection, une activité limite devrait être atteinte pour une distance égale au parcours du radium A dans les conditions de l’expérience. En réalité on n’observe pas de valeur limite constante, mais une loi limite d’accroissement linéaire, relativement lente, correspondant probablement à un mécanisme d’activation autre que la projection et relativement peu important. Si l’on admet cette interprétation, on trouve que le parcours du radium A, déduit de la première portion de la courbe, est très voisin du parcours du radium B à la même pression. D’après la théorie des transformations radioactives, les masses des atomes de A et de B sont peu différentes et les vitesses de projection ne doivent pas différer beaucoup, puisque