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émis par le cylindre de laiton, une petite fraction seulement peut se trouver absorbée par le tube servant d’électrode. Mais une correction importante est nécessitée par ce fait que les particules sont en partie absorbées par le verre du tube ; on sait, en effet, que le rayonnement du dépôt actif comprend des rayons très absorbables, qui sont arrêtés par une faible épaisseur de matière. En se basant sur des expériences d’absorption, M. Makower a évalué à environ 1011 le nombre des particules émises en une seconde par le dépôt actif en équilibre avec 1g de radium.

Ce nombre n’est relatif qu’aux rayons proprement dits, c’est-à-dire aux particules chargées négativement, et ayant une vitesse suffisante pour ioniser le gaz. Nous verrons que les corps radioactifs, et en particulier le radium, donnent aussi lieu à une émission de charges négatives, portées par des particules dont la vitesse est insuffisante pour qu’elles puissent se comporter comme des rayons ionisants. Ces particules, nommées quelquefois rayons n’interviennent pas dans les expériences dont il vient d’être question, parce qu’elles ne peuvent traverser ni le verre ni l’aluminium, même sous très faible épaisseur. Cependant la charge émise sous cette forme par unité de temps est très importante (voir § 184).


108. Action du champ électrique sur les rayons — L’action du champ électrique sur les rayons pouvait être prévue d’après les expériences précédemment décrites. Les rayons déviables du radium, étant assimilés à des rayons cathodiques, doivent être déviés par l’action d’un champ électrique de la même façon que ces derniers, c’est-à-dire comme le serait une particule matérielle chargée négativement et lancée dans l’espace avec une grande vitesse. L’existence de cette déviation a été montrée, d’une part, par M. Dorn[1], d’autre part, par H. Becquerel[2].

L’expérience réalisée par H. Becquerel est en principe celle qui a été décrite dans le § 15. Deux plateaux rectangulaires verticaux, de 3cm,45 de hauteur, étaient placés parallèlement à une distance de 1cm l’un de l’autre ; l’un des plateaux était réuni au

  1. Dorn, Abh. Halle, mars 1900.
  2. Becquerel, Comptes rendus, t. CXXX, p. 819.