Aller au contenu

Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/468

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

résidu formé d’azote et de gaz rares était soumis à l’action de la décharge électrique en présence d’oxygène et de potasse, puis à l’action absorbante du charbon à basse température ; l’argon, presque toujours présent, était absorbé et le résidu gazeux donnait le spectre de l’hélium.

Tous les minéraux radioactifs contiennent de l’hélium, mais la proportion de ce gaz est assez variable. Le minerai le plus riche en hélium est la thorianite qui en contient 9cm3 par gramme. L’orangite n’en contient qu’environ 0cm3,11 par gramme, et il en est de même pour la pechblende et la chalcolite qui sont relativement riches en radium. En général, il y a simultanément présence de corps radioactifs et d’hélium dans les minéraux. La seule exception connue est le béryl qui contient une proportion relativement forte d’hélium (environ 0cm3,017 par gramme), sans manifester une radioactivité appréciable.

On sait actuellement que tous les minéraux et roches de la croûte terrestre contiennent une proportion extrêmement faible de radium (§ 224) ; ils doivent donc aussi contenir de l’uranium. D’autre part, le thorium est également présent à l’état de traces. Tous ces minéraux contiennent des traces d’hélium, et il semble que la proportion de ce gaz soit conforme à la teneur en corps radioactifs, sauf dans le cas exceptionnel du béryl.

Quand l’hélium est produit par la destruction de radioéléments il peut soit s’échapper en partie du minerai ; soit, si celui-ci est compact, y rester entièrement occlus. L’hélium s’accumule en ce cas dans le minerai, et cette accumulation n’est pas limitée par un phénomène de destruction spontanée ; la teneur en hélium dépend donc de la vitesse de production et du temps pendant lequel sa formation a eu lieu dans le minerai.


M. Rutherford a émis la supposition que le plomb pouvait être le produit final de la destruction du radium. Le poids atomique du plomb est en effet très voisin du nombre 206,5 qu’on obtient en retranchant du poids atomique du radium le poids des 5 particules émises lors des transformations successives, soit 4 x 5 = 20. Le plomb est d’ailleurs, en général, présent dans les minéraux radioactifs. Si l’hypothèse est exacte, ce corps doit s’accumuler dans les minéraux.