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d’urane est conforme à l’hypothèse qu’à l’état d’équilibre radioactif les nombres de particules émises par le radium au minimum d’activité et l’ionium sont les mêmes, tandis que le nombre des particules émises par l’uranium est double. Enfin un groupe de particules est émis par le polonium, descendant du radium dans la série des composants de la radioactivité induite à évolution lente ; d’après l’activité du polonium dans le minerai on peut penser que ce groupe comporte l’émission du même nombre de particules que chacun des autres groupes relatifs au radium et à ses dérivés. Par conséquent la production d’hélium par un gramme d’uranium en équilibre radioactif avec l’ionium, le radium et les dérivés de celui-ci est relative, d’après nos connaissances actuelles, à l’émission de 8 groupes de rayons contenant tous le même nombre de particules ; pour obtenir le volume de l’hélium produit, il faut donc doubler la valeur de ce volume qui correspond aux 4 premiers groupes du radium. Si un gramme d’uranium est accompagné de 3,4.10-7 gramme de radium, on trouve ainsi pour la production annuelle d’hélium par gramme d’uranium

160 × 3,4.10-7 × 2 mm3,            soit            1,08.10cm3.

Si l’on considère un minerai d’urane contenant peu de thorium, et si l’on admet que la production d’hélium est restée constante depuis la formation du minerai, et que l’hélium produit s’y trouve entièrement à l’état occlus, l’âge du minerai se déduit très simplement de la mesure de la teneur en hélium. On trouve ainsi pour la fergusonite, qui contient 7 pour 100 d’uranium et 1cm3,8 d’hélium par gramme, un âge d’environ 2,4.108 ans. Ce mode de calcul ne s’applique pas aux minerais riches en thorium, comme la thorianite, dans lesquels la production d’hélium ne peut être attribuée seulement à l’uranium et à ses dérivés. De plus, si la production d’hélium va en diminuant, l’âge du minerai peut être moins élevé ; s’il y a eu de l’hélium dégagé, il peut être plus élevé.

D’après M. Strutt, même les minéraux très compacts, tels que la thorianite, dégagent de l’hélium à la température ordinaire, mais on peut penser que les conditions qui déterminent l’occlusion de ce gaz ont pu être modifiées.

On peut aussi essayer de mesurer directement la vitesse de production d’hélium dans un minerai. Des recherches à ce sujet