Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

certains des minéraux radioactifs primaires se sont montrés plus réfractaires à l’action des agents atmosphériques que leur roche d’origine, et lors de la destruction de celle-ci, ils se sont accumulés dans les sables ; c’est là l’origine des sables monazités qui sont la source principale du thorium du commerce.

Certains minéraux particuliers ont aussi été signalés. Ainsi la cotunnite du Vésuve, un minerai de plomb, contient, d’après M. Rossi[1], du radium D, du radium E et du radium F sans radium. L’activité de ce minerai atteint 50 pour 100 de celle de l’uranium. M. v. Borne a signalé un minerai d’oxyde d’étain radioactif qui dérive probablement de roches granitiques voisines. Enfin le cinabre des environs de Belgrade et d’Idria est radioactif.

La dissémination des minéraux radioactifs par suite de la destruction des roches primaires dans lesquelles ils sont contenus peut donner sinon totalement, du moins en partie, l’explication de la dissémination de traces de radioéléments à la surface de la terre.


215. Remarques sur les familles des radioéléments. — On peut observer que le caractère général des transformations radioactives est le même dans toutes les familles. La transformation semble toujours se faire de telle manière qu’une substance radioactive donne lieu à la formation d’une seule substance radioactive ; en aucun cas la production simultanée de deux radioéléments à partir de la même substance mère n’a encore été observée. Il est possible cependant qu’on soit amené à considérer des cas de ce genre ; la question se pose, en particulier, pour la filiation de l’actinium à partir de l’uranium.

En général, la transformation a pour effet de produire des éléments de moins en moins électropositifs suivant la série de Volta. Les constantes radioactives ont toutes des valeurs différentes, et l’on n’en connaît pas encore qui aient la même valeur pour deux substances manifestement distinctes. Les valeurs les plus voisines sont celles obtenues pour l’émanation du radium et le thorium X, mais ces valeurs ne sont pas identiques.

Les principaux radioéléments dont le poids atomique est connu représentent en même temps les éléments dont le poids atomique

  1. Rossi, Le Radium, 1908.