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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/484

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dant un temps prolongé la courbe de désactivation d’un fil activé à l’air libre avec l’aide d’un champ électrique. Il a trouvé que 3 à 4 heures après le début de la désactivation la loi de décroissance est celle qui caractérise le dépôt actif de l’émanation du thorium. Si l’on calcule, par extrapolation, la valeur de l’activité due à ce dépôt actif pendant les quelques heures initiales et si l’on soustrait cette activité de l’activité totale, l’activité restante décroît exactement comme le dépôt actif de l’émanation du radium. La proportion de l’activité attribuable au dépôt actif du thorium croît avec le temps d’exposition ; elle était de 3 pour 100 à 5 pour 100 de l’activité totale pour une exposition de 3 heures, et de 15 pour 100 pour une exposition de 12 heures.

On a vu qu’à la suite de leurs expériences sur la conductibilité anormale de l’air des cavernes, MM. Elster et Geitel avaient admis que cet air contient une émanation radioactive qui se dégage des parois. MM. Ebert et Ewers[1] ont montré que cette émanation a des propriétés analogues à celles de l’émanation du radium et une vitesse de décroissance voisine ; elle peut être condensée par refroidissement à la température de l’air liquide et elle est soluble dans le pétrole[2]. L’émanation qui se dégage du sol de New Haven a été examinée par MM. Bumstead et Wheeler[3] qui l’ont identifiée avec l’émanation du radium par sa loi de décroissance et la vitesse de sa diffusion au travers d’une plaque poreuse. M. Dadourian[4] a montré toutefois que l’air contenu dans le sol de New Haven contient aussi beaucoup d’émanation du thorium, ainsi qu’il résulte d’expériences d’activation de fils chargés négativement et plongés dans une cavité profonde creusée dans le sol, au travers de laquelle on aspirait constamment l’air du fond du sol. Des expériences d’activation de fils sous une cloche placée tout près du sol faites par M. Blanc[5] ont montré que l’activité induite est, dans ces conditions, principalement du type thorium. Il est naturel qu’en raison de sa courte vie moyenne, l’émanation du thorium se trouve plus abondante dans le sol et au voisinage immédiat de celui-ci

  1. Ebert et Ewers, Phys. Zeit., 1902.
  2. Mache et Rimmer, Phys. Zeit., 1906.
  3. Bumstead et Wheeler, Amer. Journ., 1904.
  4. Dadourian, Amer. Journ. of Sc., 1905.
  5. Blanc, Phys. Zeit., 1908.