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pour abaisser cette valeur limite du rayon. On peut remarquer que, si tout le dépôt actif est recueilli, la forme du récipient n’a pas d’importance, pourvu que la distance de l’électrode à la paroi reste inférieure au rayon limite du cylindre circulaire.

Des expériences de ce genre ont été faites par M. Eve[1] qui a étudié l’activation d’une électrode dans un vase clos rempli d’air atmosphérique, la durée de l’activation étant de 2 heures. Le récipient était en fer et avait 730cm de hauteur ; sa section était un carré de 154cm de côté. L’électrode centrale était portée au potentiel de 10 000 volts. Ces expériences ont montré que la quantité d’émanation contenue dans un kilomètre cube de l’air atmosphérique est environ celle qui est en équilibre avec 0g,5 de bromure de radium. L’activité induite du fil dans ces expériences était considérée comme entièrement due à l’émanation du radium.

La même méthode ne peut être utilisée avec l’émanation du thorium dont la décroissance est trop rapide. Si la concentration de cette émanation était maintenue constante et uniforme, le rayon limite du cylindre extérieur dans les conditions d’expérience indiquées plus haut serait d’environ 30m. La différence avec le cas du radium tient à ce que la vie moyenne du thorium A (période 10,6 heures) est environ 200 fois plus longue que celle du radium A (période 3 minutes). Dans la formule théorique une même valeur de est obtenue dans le cas du thorium pour des valeurs de environ 15 fois plus grandes que dans le cas du radium.

La théorie faite précédemment n’est pas complète : elle ne tient pas compte de ce fait que certaines particules du dépôt actif perdent leur charge par recombinaison avec des ions négatifs contenu dans le gaz et cessent d’être sensibles à l’action du champ. On a vu que ce phénomène joue probablement un rôle très important dans le cas de l’activation par diffusion. Dans le cas actuel le rôle de la recombinaison doit être beaucoup moins important ; en effet, d’une part, la concentration du dépôt actif dans l’air atmosphérique est très faible et il en est de même pour l’ionisation ; d’autre part, le déplacement des particules de dépôt actif est rendu beaucoup plus rapide que dans le cas de la diffusion par suite de l’existence du champ électrique ; le temps disponible pour la recom-

  1. Eve, Phil. Mag., 1905.