Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/545

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La densité moyenne du Soleil étant 1,44, teneur correspondante en poids est 2,5.10-6 ; cette teneur est 7 à 8 fois plus grande que celle qui correspond à l’équilibre entre l’uranium et le radium ; de sorte que, même si le Soleil était constitué entièrement en uranium, l’énergie rayonnée serait encore très inférieure à celle qu’indique l’expérience. Ce résultat pourrait cependant être modifié si d’autres matières radioactives étaient contenues dans le Soleil, ou si la valeur des constantes radioactives était modifiée aux températures ou aux pressions très élevées.

L’examen du spectre du Soleil n’a pas révélé jusqu’ici la présence du radium, mais celle de l’hélium a été constatée. L’hélium étant un des produits de la désagrégation des éléments radioactifs, et en particulier du radium, il est possible que le radium soit présent dans les régions centrales du Soleil. On sait d’ailleurs que les mêmes matières entrent dans la constitution du Soleil et de la Terre.

Le rayonnement solaire au voisinage du sol ne contient pas de rayons analogues à ceux qui sont émis par les corps radioactifs ; ce fait n’est pas contraire à l’hypothèse envisagée. Les rayons émis doivent traverser l’atmosphère solaire, puis l’atmosphère terrestre qui à elle seule exerce la même absorption qu’une couche de mercure de 76cm On conçoit que même les rayons puissent être complètement absorbés dans ces conditions.

D’autre part l’énergie du Soleil peut être considérée comme de l’énergie de gravitation mise en liberté pendant la contraction. Dans cette hypothèse Lord Kelvin a calculé que la durée du régime actuel ne dépasse vraisemblablement pas 100 millions d’années. Une valeur bien inférieure encore (environ 12 millions d’années) résulte des évaluations de M, G.-H. Darwin[1]. Cette valeur est très inférieure à la durée présumée des époques géologiques. Il semble donc probable qu’il existe des sources de chaleur qui tendent à maintenir le Soleil à une température élevée, et il est naturel de voir l’une d’elles dans la radioactivité des matières solaires.

En ce qui concerne la Terre, le point de vue adopté jusqu’ici était celui d’une masse primitivement incandescente soumise à un refroidissement progressif. Dans cette hypothèse. Lord Kelvin a

  1. G.-H. Darwin, Nature, 1903.