Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/81

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dant de l’épaisseur de matière préalablement traversée par les rayons ; il semble légitime d’en tirer la conclusion que le rayonnement n’a pas été notablement modifié en traversant la matière. La seule différence entre des rayons de groupes différents consiste d’ailleurs en leur vitesse ; celle-ci ne doit donc pas être modifiée sensiblement, au moins dans les limites où l’on peut appliquer la loi d’absorption exponentielle. Cette opinion a été soutenue par M. Schmidt qui l’a soumise au contrôle de l’expérience[1].

Le dispositif expérimental était le même que celui utilisé par le même auteur pour la détermination de la vitesse des rayons du radioplomb (voir § 111, fig. 107). Après avoir déterminé la valeur du champ magnétique, pour laquelle les rayons issus de la source suivent la trajectoire circulaire qui leur est offerte, on interposait entre la source et le diaphragme un écran d’aluminium, et l’on déterminait à nouveau la valeur du champ pour laquelle l’intensité des rayons à la sortie du diaphragme est maximum. On constatait que la valeur du champ était la même en l’absence de tout écran ou avec un écran d’environ 0mm,5 d’épaisseur qui, placé sur la substance active, ne laisse passer que 12 pour 100 du rayonnement Bien que la valeur du champ qu’on cherche à réaliser ne puisse être déterminée avec une grande précision, cette expérience est favorable à l’opinion, que le passage des rayons au travers de l’écran n’a entraîné aucun changement important dans la valeur de la vitesse[2]. Ce résultat est en accord avec l’expérience qualitative antérieure de H. Becquerel, qui, faisant passer des rayons simples, incurvés dans un champ magnétique, au travers de l’aluminium ou de la paraffine, n’observait aucun changement de courbure important de leur trajectoire circulaire (voir § 112).

On a vu, d’autre part, que pour les rayons cathodiques la diminution de vitesse par suite du passage des écrans a été constatée par quelques observateurs. D’après M. des Coudres, des rayons cathodiques d’une vitesse égale à 1,4.1010 perdent 10 pour 100

  1. Schmidt, Phys. Zeit., 1902.
  2. En utilisant le même dispositif expérimental, M. Wilson a obtenu des résultats qui l’ont conduit à admettre que les rayons éprouvent au passage de l’écran un changement de vitesse appréciable (Proc. Roy. Soc. 1909).