Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/116

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ment où se dresse aujourd’hui North Battleford. C’est dans cette hutte que je résidais. Une jolie fillette de douze ans y habitait avec son père et sa mère. Lorsque je chassais, la fillette venait souvent avec moi. Quand je tuais, elle pleurait parfois, et je me moquais d’elle… Puis un chemin de fer est apparu, et un autre ensuite. Les deux voies ferrées se sont rencontrées, justement, près de la hutte. Alors, tout à coup, une petite ville a surgi. Il y a sept ans, tu m’entends bien, Henri, rien que la hutte. Il y a deux ans, la ville comptait déjà dix-huit cents habitants. Cette année, j’ai trouvé, en la traversant pour venir ici, qu’elle en avait cinq mille. Dans deux ans, il y en aura dix mille…

Paul Weyman tira une bouffée de sa pipe, puis reprit :

— Sur l’emplacement de la hutte, il y a trois banques, au capital de quarante millions de dollars. Le soir, à vingt milles à la ronde, on aperçoit la lueur des lampes électriques de North Battleford. La ville possède un Collège, qui a coûté cent mille dollars, une école Secondaire, un asile provincial, une superbe caserne de Pompiers, deux cloches, un ministère du Travail et, d’ici peu, des tramways électriques y fonctionneront. Songe à cela ! Là, oui, où des coyotes hurlaient, il y a sept ans… L’afflux de la population est tel que le dernier recensement est toujours en retard. Dans cinq ans, te dis-je, ce sera une ville de vingt mille âmes ! Et la petite fille de la cabane, Henri, est aujourd’hui une charmante jeune fille, qui va sur ses vingt ans. Ses parents… Eh ! mon Dieu, oui ! ses parents sont riches. Mais l’essentiel est que nous devons nous marier au printemps prochain. Pour lui plaire, j’ai cessé de tuer aucun être vivant. La dernière bête que j’ai abattue était une louve des prairies. Elle avait des petits. Hélène a