Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/124

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une longue lettre à la jeune fille au doux visage, de North Battleford, Puis il souffla la lampe et, dans la lueur rouge du poêle, il se peignit d’elle mille visions délicieuses.

Il la voyait telle qu’il l’avait rencontrée, pour la première fois, dans la petite hutte isolée du Saskatchewan, ayant sur le dos une grosse natte luisante et sur ses joues toute la fraîcheur des prairies.

Longtemps elle l’avait haï, oui, réellement haï, pour le plaisir qu’il prenait à tuer. Puis, son influence l’avait complètement transformé et il lui en était, aujourd’hui, profondément reconnaissant.

Il se leva et ouvrit doucement la porte de la cabane. Instinctivement, ses yeux se tournèrent vers le côté du ciel où était au loin North Battleford. Le ciel était embrasé d’étoiles et, à leur clarté, il voyait la cage où Kazan et Louve Grise étaient prisonniers.

Il écouta. Un bruit lui parvint. C’était Louve Grise qui rongeait en silence les barreaux de sa prison. Peu après, il entendit un gémissement étouffé, pareil presque à un sanglot, C’était Kazan qui pleurait sa liberté perdue.

Une hache était appuyée contre un des murs de la cabane. Weyman s’en saisit et sourit muettement. Il songeait qu’une autre âme, à un millier de milles de là, le regardait en ce moment et battait à l’unisson de son geste.

S’étant avancé vers la cage, il leva la hache d’acier. Une douzaine de coups, bien appliqués, et deux des barreaux de sapin cédèrent. Puis il se recula.

Louve Grise, la première, vint vers l’ouverture et, sous la clarté des étoiles, se glissa dehors, comme une ombre.

Mais elle ne prit point aussitôt la fuite. Dans la clairière où s’élevait la cabane, elle attendit Kazan. Kazan ne tarda pas à la rejoindre et, pendant un