Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/123

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terminée ils y enfermèrent les deux prisonniers.

Le surlendemain, tandis que le métis était allé relever ses pièges, Paul Weyman, resté seul à la cabane, se risqua à passer sa main à travers les barreaux de la cage et à caresser Kazan, qui le laissa faire. Le jour d’après, il offrit au chien-loup un morceau de viande crue d’élan, qui fut accepté.

Mais il n’en alla pas de même avec Louve Grise. Dès qu’elle sentait s’approcher le zoologiste, elle courait se cacher sous des fagots de branches coupées, qu’on lui avait donnés dans la cage pour y gîter. L’instinct du Wild lui avait enseigné que l’homme était son plus mortel ennemi.

Cet homme, pourtant, n’était point menaçant envers elle. Il ne lui faisait aucun mal et Kazan n’en avait nulle crainte. Aussi son premier effroi fit-il bientôt place à la curiosité et à une sorte d’attirance croissante. Elle finit par sortir de dessous les fagots sa tête aveugle et à renifler l’air vers Weyman, lorsque celui-ci, debout devant la cage, s’efforçait de se concilier les bonnes grâces et l’amitié de Kazan.

Toutefois elle se refusait à manger quoi que ce fût. Vainement, Weyman s’efforçait de la tenter avec des morceaux de choix de graisse d’élan ou de renne. Cinq, six, sept jours passèrent, sans qu’elle consentit à absorber une seule bouchée. À ce régime, elle mai grissait de jour en jour, et on commençait à pouvoir lui compter les côtes.

— La bête va crever, dit Henri Loti à son compagnon, le soir du septième jour. Elle se laissera mourir de faim. Il lui faut, pour vivre, la forêt, les proies sauvages et le sang chaud. Elle a déjà deux ou trois ans. C’est trop vieux pour qu’on puisse la civiliser.

Ayant ainsi parlé, le métis s’en alla tranquillement coucher, laissant Weyman fort troublé.

Weyman veilla tard, ce soir-là. Il écrivit d’abord