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XV

LA PISTE DE LA FAIM

Il y avait cent quarante heures que Kazan et Louve Grise n’avaient pas mangé. Ce jeûne prolongé se traduisait chez la louve par un malaise croissant et une douleur aiguë de l’estomac. Pour Kazan, c’était l’inanition presque complète. Leurs côtes, à tous deux, saillaient de leurs flancs creusés, et leur arrière-train s’était comme rétréci. Les yeux de Kazan étaient injectés de sang et ils clignotaient, dans la fente étroite des paupières lorsqu’il regardait la lumière. Louve Grise, cette fois, ne se fit point prier pour suivre Kazan, lorsque celui-ci partit en chasse sur la neige nue.

Impatient et plein d’espoir, le couple s’en alla d’abord visiter une partie du marais où les lapins blancs, d’ordinaire, étaient fréquents. Ils n’en trouvèrent aucune trace, aucune odeur. Ils revinrent sur leurs pas, en décrivant un fer à cheval, mais tout ce que leur flair leur désigna fut un hibou, haut perché sur un sapin.

Ils repartirent, déçus, dans une direction opposée à celle du marais et escaladèrent une crête rocheuse, qu’ils rencontrèrent. Du sommet, ils interrogèrent l’horizon, mais ne découvrirent rien d’autre qu’un monde sans vie,