Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/163

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avec eux, l’entendirent. Et bientôt se mêlèrent aux voix humaines le hurlement lointain des chiens, qu’excitait la sarabande infernale.

Les compagnons de Louve Grise et de Kazan ne tenaient pas en place. Ils dressaient leurs oreilles dans la direction de l’immense rumeur et gémissaient plaintivement.

Kazan n’était pas moins troublé. Il commença son manège ordinaire avec Louve Grise, qui s’était reculée en montrant les dents, et qu’il tentait d’entraîner à sa suite. Toujours, d’ailleurs, aussi vainement.

Alors il revint vers les quatre huskies. À ce moment, une bouffée de vent apporta plus distinct l’écho sonore du Carnaval du Wild et ses ardentes résonances. Les quatre bêtes, oubliant l’autorité de Kazan, ne résistèrent pas davantage à l’appel de l’homme. Baissant la tête et les oreilles, et s’aplatissant sur le sol, elles filèrent comme des ombres, dans la direction du bruit.

Le chien-loup hésitait encore. De plus en plus, il pressait Louve Grise, tapie sous un buisson, de consentir à le suivre. Elle ne broncha pas. Elle aurait, aux côtés de son compagnon, affronté même le feu. Mais point l’homme.

La louve aveugle entendit sur les feuilles séchées un bruit rapide de pattes qui s’éloignaient. L’instant d’après, elle savait que Kazan était parti. Alors seulement, elle sortit de son buisson et se mit à pleurnicher tout haut.

Kazan entendit sa plainte, mais ne se retourna pas. L’autre appel était le plus fort. Les quatre huskies avaient sur lui une assez forte avance et il tentait, en une course folle, de les rattraper.

Puis il se calma un peu, prit le trot et bientôt s’arrêta. À moins d’un mille devant lui, il pouvait voir les flammes des grands feux qui empourpraient les ténèbres et se reflétaient dans le ciel. Il regarda derrière