Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/165

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longs fouets, avaient commencé à faire reculer les bêtes. La lanière d’un des fouets s’abattit, redoutable et coupante, sur l’épaule d’un chien d’Esquimau, près duquel Kazan se trouvait justement. L’animal, furieux, lança un coup de gueule vers le fouet, et ce fut Kazan que ses crocs mordirent au croupion. Kazan rendit le coup et, en une seconde, les mâchoires des deux chiens béaient l’une vers l’autre. La seconde d’après, le chien Esquimau était par terre, avec Kazan qui le tenait à la gorge.

Les hommes se précipitèrent, pestant et jurant. Leurs fouets claquèrent, et s’abattirent comme des couteaux. Kazan, qui était sur son adversaire, sentit la douleur cuisante. Alors remonta soudain en lui le souvenir cruel des jours passés, qui avaient fait de l’homme son tyran. Il gronda et, lentement, desserra son emprise.

Comme il relevait la tête, il vit un autre homme qui surgissait de la mêlée — car, animés par l’exemple, tous les autres chiens s’étaient rués les uns contre les autres — et cet homme tenait à la main un gourdin ! Le gourdin s’abattit sur son dos et la force du coup l’envoya s’aplatir sur le sol. Puis le gourdin se leva à nouveau. Derrière l’énorme bâton était une face rude et féroce, éclairée par les reflets rouges des feux. C’était une telle face qui avait jadis poussé Kazan vers le Wild. Comme le gourdin s’abaissait, il fit un écart brusque pour l’éviter, et les couteaux d’ivoire de ses dents brillèrent.

Pour la troisième fois, le gourdin se leva. Kazan, bondissant, happa l’avant-bras de l’homme qui le portait et lacéra la chair jusqu’à la main.

— Tonnerre de Dieu ! hurla l’homme.

Et Kazan perçut dans la nuit la lueur d’un canon de fusil.

Mais il détalait déjà vers la forêt. Un coup de feu