Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/203

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pour eux aussi nécessaire que le feu l’est à l’homme.

Deux jours durant, la loutre s’ébattit autour de la digue et de l’eau profonde de l’étang. Kazan la prit pour un castor et tenta en vain de la chasser à l’affût. La loutre, de son côté, regardait Kazan avec méfiance et se tenait soigneusement hors de sa portée. Ni l’un ni l’autre ne se reconnaissaient pour des alliés.

Les castors continuaient leur travail avec une prudence redoublée, mais sans l’abandonner une minute. L’eau montait toujours.

Le troisième jour, l’instinct de destruction de la loutre se décida à opérer. Elle plongea et, fouinant partout de sa petite tête, elle se mit à examiner la digue près de ses fondations. Elle ne fut point longue à découvrir un point faible, où les bûches, les branches et le ciment formaient un tout moins homogène et, de ses petites dents aiguës, elle entama ses opérations de forage.

Pouce par pouce, creusant et rongeant devant elle, elle se frayait un chemin dans la digue. La petite ouverture ronde qu’elle pratiquait mesurait dans les sept pouces de diamètre. Au bout de six heures de travail, la digue était entièrement percée.

Alors, par ce déversoir, l’eau se précipita, pareille à celle d’un tonneau qui se vide par sa bonde. Kazan vit la loutre, satisfaite de son ouvrage, sortir de l’eau, grimper sur la digue et s’y secouer. En une demi-heure, le niveau de l’étang avait subi une baisse déjà perceptible et, par l’effet de la pression de l’eau, le trou de fuite s’élargissait de lui-même.

En une autre demi-heure, les trois cabanes furent asséchées et la vase sur laquelle elles reposaient apparaissait.

Ce fut seulement à ce moment-là que Dent-Brisée commença à s’alarmer. Pris de panique, il rallia