Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/227

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La fièvre des paris commença. Ils étaient pour le danois, dans la proportion de deux à un.

Parfois ils montaient à trois contre un. Les gens qui risquaient sur Kazan leur argent et leur pain étaient d’anciens familiers du Wilderness. Ils savaient ce qui signifiait, comme force et comme endurance, l’éclat rougeâtre qui luisait aux yeux du chien-loup.

Un vieux trappeur, devenu mineur, confiait, à voix basse, à l’oreille de son voisin :

— C’est pour celui-ci que je ferai ma mise. Il battra le danois à plate couture. Le danois n’aura pas son savoir-faire.

— Mais il a le poids, répliquait l’homme, qui doutait. Regarde-moi ses mâchoires et ses épaules…

— Regarde toi-même, interrompit le vieux trappeur, les pattes trop faibles de ton champion, sa gorge tendre et trop exposée aux crocs du chien-loup, et la lourdeur de son ventre. Pour l’amour de Dieu, camarade, crois-m’en sur parole ! Ne mets pas ton argent sur le danois !

D’autres hommes prirent part à la discussion, qui tenaient chacun pour une des deux bêtes.

Kazan, tout d’abord, avait grondé vers toutes ces faces qui l’entouraient. Puis il avait fini par se coucher dans un coin de la cage, la tête entre ses pattes, et il regardait les gens, maussade et silencieux.

Le soir du combat, la grande salle du bar de Jan Harker se trouva complètement déblayée de ses tables. Surélevée sur une plate-forme de trois pieds de haut, une grande, cage, de dix pieds carrés, autour de laquelle des bancs avaient été rangés, occupait le milieu de la pièce. La partie supérieure de cette cage était ouverte et, au-dessus, pendaient du plafond deux grosses lampes à pétrole, munies de réflecteurs.

Trois cents spectateurs, qui avaient payé chacun