Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXVII

SEULE DANS SA CÉCITÉ

Bien des heures après que Kazan fût tombé sur la rive du fleuve, sous le coup de fusil de Sandy Mac Trigger, Louve Grise attendit que son fidèle compagnon vînt la retrouver. Tant de fois il était revenu vers elle qu’elle avait confiance dans son retour. Aplatie sur son ventre, elle reniflait l’air et gémissait de n’y point découvrir l’odeur de l’absent. Mais, de tout le jour, Kazan ne reparut point.

Le jour et la nuit étaient depuis longtemps semblables pour la louve aveugle. Elle sentait pourtant, par un secret instinct, l’heure où les ombrée s’épaississaient, et que la lune et les étoiles devaient briller sur sa tête. Mais, avec Kazan à côté d’elle, l’effroi de sa cécité n’était plus pareil. Le même abîme des ténèbres ne lui semblait pas l’envelopper.

Vainement elle lança son appel. Seule lui parvint l’âcre odeur de la fumée qui s’élevait du feu allumé par Mac Trigger sur le sable. Elle comprit que c’était cette fumée, et l’homme qui la produisait, qui étaient la cause de l’absence de Kazan. Mais elle n’osa pas approcher trop près ses pas ouatés et silencieux. Elle savait être patiente et songea que, le lendemain, son compagnon reviendrait. Elle se coucha sous un buisson et s’endormit.

La tiédeur des rayons du soleil lui apprit que l’aube