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XXIX

L’APPEL DU SUN ROCK

Les oreilles rabattues, la queue basse et pendante sur le sol, le train de derrière à demi écrasé, comme celui du loup qui se sauve craintif devant le péril, Kazan fuyait à toute vitesse, poursuivi par le râle de la voix humaine de Sandy Mac Trigger. Il ne s’arrêta pas avant d’avoir parcouru un bon mille.

Alors, pour la première fois depuis des semaines, il s’assit sur son train de derrière et poussa vers le ciel un vibrant et profond appel, que les échos répétèrent au loin.

Ce ne fut pas Louve Grise qui répondit, mais, la voix du gros danois. Paul Weyman, penché sur l’immobile cadavre de Sandy Mac Trigger, entendit le hurlement du chien-loup. Il prêta l’oreille, en écoutant si l’appel se renouvellerait. Mais Kazan était, déjà, rapidement reparti.

L’air vif et froid qui, par-dessus les immenses Barrens, lui arrivait de l’Arctique, les myriades d’étoiles qui luisaient au-dessus de sa tête dans le vaste ciel, le bonheur enfin de la liberté reconquise, lui avaient rendu toute son assurance et excitaient encore l’élasticité de sa course.

Il galopait droit devant lui, comme un chien qui suit, sans que rien ne l’en détourne, la piste de son maître.