Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/51

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société de plus en plus douce, et ils vécurent de lapins blancs.

Quel que fût l’attrait de sa compagne, il arrivait souvent que Kazan montât avec elle sur la crête qui dominait la vaste plaine, dont il ne s’était pas éloigné, et il tentait de lui expliquer tout ce qu’il avait laissé derrière lui. Cet appel du passé était si fort, parfois, qu’il avait grand peine à résister au désir de s’en retourner vers la tente de Thorpe, en entraînant Louve Grise à sa suite.

Puis un événement inattendu se produisit. Comme le couple errait un jour au pied d’un petit chaînon montagneux, Kazan aperçut, sur la pente qui le dominait, quelque chose qui arrêta brusquement les battements de son cœur. Un homme, avec un traîneau et son attelage de chiens, descendait dans leur monde. Le vent, qui était contraire, ne l’avait point averti, ni Louve Grise, et Kazan vit tout à coup un objet qui, sous le soleil, étincelait dans les mains de l’homme. Il n’ignorait point ce qu’était cela, c’est-à-dire l’objet qui crache le feu et le tonnerre, et qui tue. Il donna l’alerte, aussitôt, à Louve Grise et ils filèrent ensemble, à toutes pattes. Mais une détonation retentit et, tandis que Kazan grognait furieusement sa haine à l’objet qui tuait et aux hommes, un sifflement passa au-dessus de sa tête. Puis il y eut une seconde détonation et Louve Grise, cette fois, poussant un glapissement de douleur, s’en alla rouler dans la neige.

Elle se releva aussitôt et, escortée de Kazan, reprit sa course vers l’abri d’un petit bois. Là, elle fit halte afin de lécher son épaule blessée, tandis que Kazan continuait à observer.

L’homme au fusil avait pris leur piste. Il s’arrêta à la place où Louve Grise était tombée et examina la neige. Puis il continua à avancer.