Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/52

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Kazan, de son museau, aida Louve Grise à se remettre sur ses pattes. Ils filèrent rapidement et trouvèrent un refuge plus sûr dans l’épaisse végétation qui bordait les rives du lac. Toute la journée, tandis que Louve Grise était étendue sur la neige, Kazan demeura aux aguets, retournant furtivement en arrière pour observer, et flairant le vent. Mais l’homme avait abandonné.

Le lendemain, Louve Grise boitait. En explorant avec soin tous les replis du terrain, le couple arriva aux restes d’un ancien campement. Les dents de Kazan se découvrirent et il grogna sa haine de l’homme qui, en s’en allant, avait laissé son odeur. Le désir croissait en lui de venger la blessure de Louve Grise. Ses propres blessures, mal fermées, augmentaient son irritation. Le museau au ras du sol, il s’efforçait à découvrir, sous la neige nouvelle, la direction que l’ennemi avait prise. Il en oubliait le fusil.

Trois jours durant, Kazan et Louve Grise, celle-ci en dépit de sa boiterie qui continuait, coururent à l’aventure, droit devant eux, et parcoururent un chemin assez considérable. La nuit du troisième jour, qui était celle où apparaissait le premier quartier de la nouvelle lune, Kazan rencontra une piste fraîche. Si fraîche était-elle qu’il s’arrêta net, aussi soudainement que si une balle l’avait frappé dans sa course. Chaque muscle de son corps se mit à frémir et ses poils se hérissèrent.

C’était la piste de l’homme. Il y avait et les empreintes du traîneau, et celles des pattes des chiens, et celles aussi des raquettes de l’homme, qui allait à pied.

Alors Kazan leva son museau vers les étoiles et de sa gorge jaillit, roulant au loin, parmi le Wilderness, l’appel sauvage et farouche à la horde de ses frères.