Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/100

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disait ce qu’il savait déjà, que Bram Johnson était fou.

Après elle, il répéta : « Tossi, tossi… » en se frappant le front et en faisant vers Bram un signe de tête. Oui, c’était bien cela. Les traits de la jeune femme s’étaient détendus et elle parut soulagée d’un grand poids. Elle avait craint que Philip n’attaquât l’homme-loup. Maintenant il avait compris qu’il ne fallait point lui faire de mal et elle en paraissait tout heureuse.

La jalousie mordit à nouveau le cœur de Philip. L’énigme, loin de s’éclaircir, se compliquait. Qu’est-ce que cette jeune femme était donc pour Bram ? Elle semblait, par moments, redouter ce fou, ce hors-la-loi, et cependant elle désirait qu’il ne fût pas maltraité.

Bram, durant ce rapide colloque, avait déballé ses provisions et les avait alignées sur le plancher.

Vers celles-ci les yeux de la jeune femme se tournaient maintenant. Dans ses yeux il y avait la faim ! Vers ces provisions bénies tout son être s’extériorisait à cette heure. L’enfer de souffrance qu’elle avait traversé, se révélait dans son regard. Elle avait faim. Faim de quelque chose qui ne fût point de la chair saignante, faim d’une nourriture qui ne fût pas la même que celle des loups ! Voilà pourquoi Bram s’était aventuré si loin vers le Sud, pourquoi il s’était si brutalement