Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/144

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ques estafettes pour s’emparer d’elle et la ramener en triomphe. Trouvant la cabane bien défendue, non seulement par les loups, mais par un inconnu armé, ils préparaient des renforts. Le meilleur, en ce cas, aurait été une fuite immédiate. Mais, entre la cabane et la liberté, il y avait les sept bêtes !

Le monde, au-dehors, s’emplissait de ténèbres. Le ciel, devenu opaque, s’abaissait. Avant peu, la tempête éclaterait. Les Esquimaux l’avaient prévue. Ils savaient que le vent et la neige effaceraient rapidement leur piste, si quelqu’un, après l’enlèvement, songeait à les poursuivre.

Les petits barbares du Nord n’en étaient pas à leur premier méfait. L’année précédente, sur la côte extrême qui borde l’océan Arctique, les Kogmollocks avaient tué une douzaine de blancs, dont deux explorateurs américains et un missionnaire. La police avait, depuis le mois d’août, envoyé trois patrouilles vers le golfe du Couronnement et le canal de Bathurst[1]. L’une d’elles, commandée par Olaf Anderson, le Suédois, n’avait pas encore reparu. Lorsque Philip avait quitté le Fort Churchill pour le Barren, une rumeur s’était répandue qu’Olaf et ses cinq hommes avaient été anéantis. Il n’était donc point étonnant que les sauvages petits moricauds

  1. Le canal de Bathurst fait suite, vers l’Ouest, au golfe du Couronnement. (Note des Traducteurs.)