Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/197

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et il s’efforçait de rompre la cordelette de cuir dont il était lié.

Célie, de son côté, examinait Blake avec attention et son regard trahissait un profond étonnement. Lorsque l’homme s’était à demi redressé, mettant son visage en pleine lumière, elle avait jeté un cri et détourné vers elle la fixité de ses yeux. La bête entravée sur le plancher et la jeune fille debout se faisaient vis-à-vis, en un tableau imprévu, plein de contrastes, et qui eût, en des circonstances différentes, amusé fort Philip.

Mais la voix des Esquimaux, que l’on entendait toute proche, interrompit la scène. Blake regarda aussitôt vers la porte, avec un grondement joyeux, et, sous l’effort de ses muscles, la cordelette de cuir qui lui liait les poignets se brisa, comme une simple ficelle. Non moins rapide, Philip avait brandi vers lui le canon du gros revolver et, l’appuyant contre la tête de son prisonnier :

« Prononcez un mot, dit-il, faites le moindre bruit, et vous êtes mort, Blake… Il me faut un attelage et ce traîneau. Pour un seul murmure, j’éparpille sur le plancher votre cervelle ! »

Laissant l’homme sous la garde de Célie, qui s’était, elle aussi, saisie du fusil et tenait son doigt sur la gâchette, prête à tirer, Philip sortit de la cabane, comme les patins du traîneau cris-