Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chant à voir. Ils n’étaient pas loin, mordieu ! et avançaient vite. J’entendis, sur la neige gelée, résonner les sabots d’un caribou. Il passa bientôt, comme une trombe, ayant derrière lui la meute hurlante des loups, que dominait une voix, forte comme celle de dix hommes. C’était celle de Bram Johnson. Mon Dieu ![1] oui, c’est ainsi. Il est vivant. Et ce n’est pas tout. Non, non, ce n’est pas tout. »

Il tordit ses doigts, en les entrecroisant les uns dans les autres. Pour la troisième ou quatrième fois depuis un quart d’heure, Philip le vit qui tentait de refouler en lui une émotion intense. Son incrédulité, à lui, maintenant s’en était allée et il commençait à croire sérieusement à ce que disait Pierre.

« Après cela ? interrogea-t-il. L’avez-vous revu ?

— Oui, répondit Pierre. Et de tout près. Ce que j’ai fait, je ne voudrais pas le recommencer, m’sieu, pour tous les renards qui gîtent entre le lac Athabasca et la baie d’Hudson. J’ai agi dans une sorte de folie. C’est comme une hallucination qui m’a tiré dehors, dans la nuit. J’ai suivi le cortège endiablé. Dans la neige, j’ai marché sur la piste laissée par les pattes des loups et les souliers à raquettes de l’homme. Oui, j’ai suivi. Je suis arrivé à proximité de la curée et

  1. En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)