Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/35

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en y ajoutant le gibier qu’il pourrait abattre, de la nourriture pour un mois. Comme armes son fusil, son revolver Colt, et une provision de munitions.

Comme il songeait à cette nourriture rudimentaire et si précieuse, qu’enfermait son sac, sur son épaule, il se prit à rire, d’une sorte de rire sardonique. Une autre pensée lui était simultanément venue, celle des jours anciens qu’il avait vécus. Que diraient donc ses vieux amis, si, par un coup de baguette magique, ils pouvaient se trouver réunis avec lui, pour partager son festin ? Plus spécialement, que dirait Mignon Davenport, et que ferait-elle ? P-f-f-f ! Il voyait d’ici l’horreur monter sur sa face aristocratique. Ce vent qui soufflait sur le Barren figerait la vie dans les veines de la jeune femme qui, en hâte, ratatinerait son corps et mourrait. Il la connaissait bien, car il avait été question, jadis, qu’il l’épousât.

C’était une chose singulière qu’il pût, maintenant encore, songer à elle, alors qu’il suivait la piste mystérieuse de Bram. Mais il n’avait pu, tout d’un coup, chasser sa pensée. Il y avait fort à parier cependant que, comme ses anciens amis, elle l’eût oublié. Il esquissa une grimace et, sous la morsure du vent, se remit à ricaner.

Le sort est un vieux type folâtre. C’était une fameuse farce qu’à tous, lui, Philip, il leur avait