Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/50

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train de disparaître dans les ténèbres, où elle s’absorba bientôt complètement.

Une fois de plus, Philip se retrouva seul sous le ciel étoilé, cerné par un monde de néants. Et, tout à coup, il se rendit compte de la folie de son acte. Il s’était conduit comme un enfant. Sa voix avait tellement tremblé, tandis qu’il appelait Bram, que Bram s’était ri de lui. Avant peu, sans doute, il paierait son manque d’énergie dans l’action.

Bram n’allait-il pas revenir sur ses pas, avec ses loups ?

Le pouls de Philip en battit plus fort, tandis qu’il interrogeait l’espace blanc où Bram avait disparu. Avec un froid dans le dos, et tout en regagnant les broussailles où il avait installé son campement, il se prit à songer au sort du caporal Lee et de son compagnon. Allait-il donc finir comme eux ? Son inconcevable imprudence n’aurait-elle pas ce résultat ?

Mentalement, il soupesa les chances bonnes et les chances mauvaises qui lui restaient. Car du bon sang rouge coulait dans ses veines et jamais il n’est permis à l’homme de désespérer. Pendant quelques minutes, il demeura debout à côté des dernières braises de son feu, qui faisaient encore monter vers son visage une mince fumée, et tenta de remettre d’aplomb son esprit.

Sans doute il ne craignait pas Bram. Bien que