Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/64

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conque. Mais plutôt une sorte d’embarras et d’incertitude, et comme un malaise irrésolu.

Philip pouvait, trait par trait, dévisager cette face : les os saillants des pommettes, les larges bajoues, le front bas, le nez plat, les lèvres épaisses. Les yeux illuminaient ce masque terrible. Ces yeux, sans doute, Bram les avait-il hérités, dans son ascendance, de quelque femme qui lui avait transmis leur beauté. Oui, ils étaient grands et beaux, et gris comme des perles, les yeux de cette créature traquée. Dans toute autre face, ils auraient suscité une admiration étonnée. Une minute s’écoula sans qu’une parole fût échangée entre les deux hommes. Instinctivement la main de Philip s’était portée vers son revolver, mais son intention n’était pas de s’en servir. Causer lui paraissait plus simple.

« Hello, Bram ! fit-il.

Bonjou, m’sieu ![1] » répondit Bram.

Seules, ses lèvres épaisses avaient remué. Sa voix était basse et gutturale. Presque au même instant, sa tête disparut de la porte. Prestement, Philip sortit de son sac de couchage. Un autre bruit arrivait maintenant à ses oreilles, par le boyau d’entrée. C’était le cri ardent des loups.

En dépit de la confiance qu’il avait d’abord ressentie devant Bram, un frisson lui courut

  1. En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)