Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/81

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la lame de son couteau plantée dans la carcasse. C’était une invitation à Philip de s’en servir.

Philip, s’étant assis près de Bram, ouvrit son sac de voyage et en sortit ses vivres personnels. Il les étala, avec intention, entre lui et son compagnon, afin que celui-ci en prît sa part, si cela lui convenait.

Les mâchoires de Bram s’arrêtèrent de broyer et, lorsque Philip releva les yeux, il tressaillit. Ceux de Bram s’étaient injectés de sang. Fixement, il regardait les vivres.

L’homme-bête atteignit un morceau de galette et s’en saisit. Il était sur le point d’y mordre lorsque, lâchant tout à coup viande et galette, il se rua sur Philip, avec un rugissement de fauve. Avant que Philip eût eu le temps de lever un bras pour se défendre, avant même qu’il se fût rendu compte de ce qui advenait, le géant l’avait saisi à la gorge et renversé sur le sol. Sa tête alla cogner rudement sur la neige dure et il en demeura, un instant, tout étourdi.

Lorsqu’il se releva, en chancelant, et s’attendant à un nouvel assaut, Bram ne faisait plus attention à sa personne.

En jargonnant des mots incohérents, il établissait l’inventaire des provisions de Philip. Puis, toujours mâchonnant d’incompréhensibles réflexions, il amena à lui, sur le traîneau, la pile de peaux d’ours, les déroula et en soutira un