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Page:Curzon - L’Œuvre de Richard Wagner à Paris et ses interprètes, Sénart.djvu/115

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L’ANNEAU DU NIBELUNG.

passive et résignée de Sieglinde, c’est-à-dire Mme Rose Caron. Ah ! que firent preuve de peu de jugement ceux qui, cette fois, ne voulurent pas comprendre et apprécier la grande artiste ! Quelle grâce discrète et quelle finesse de race ne montrait-elle pas au premier acte, entre la brute qui l’avait conquise et le héros libérateur vers qui, d’instinct, bondissait son âme opprimée ! Quelle pureté de lignes, dirai-je, dans son récit !… et plus tard, quelle grandeur lorsque tout son espoir s’est effondré sous un nouveau coup du destin ! Comment ne pas se sentir tout ému encore en évoquant la façon dont elle laissait tomber de ses lèvres, au milieu de l’agitation sonore des valkyries apitoyées, cette phrase si simple : « N’ayez nul souci de mon sort !… » — Oui, comme l’a dit quelqu’un, Mme Caron prenait, d’un geste, d’une intonation !

Gresse était un excellent Hunding. Sa sincérité et sa conviction n’étaient pas moins dignes d’éloges que sa robuste voix. Mme Deschamps-Jehin déployait une louable et sonore énergie dans Fricka. Quant aux Valkyries, dont on se rappelle l’effet prodigieux aux premières représentations, nommons-les ici : pareil chœur ne se retrouvera plus. C’étaient Mmes Marey, Carrère, Berthet, Héglon, Agussol, Janssen, Fayolle et Vincent.

La plupart des ténors qui ont paru sur la scène de l’Opéra, même les moins faits pour comprendre pareille tâche, ont interprété Sigmund, bien que Van Dyck, à l’occasion, l’ait incarné jusqu’en 1913. Le plus remarquable à coup sûr, ici encore, a été son successeur immédiat, Albert Saléza, nature chaude et passionnée, avec un charme très prenant. Son seul écueil, mais pour presque tous est le même, c’était la scène de l’apparition de Brunnhilde, qui demande une ampleur dans le grave que