jamais été applaudies plus à propos chez l’artiste, et qui ont très fièrement couronné sa longue carrière.
Wotan, ou le Voyageur, a, bien entendu, trouvé en Delmas son interprète-type, avec un mélange de hauteur et de bonhomie, d’ironie et d’émotion, qui donnait beaucoup de sincérité au personnage. Sa prestance et sa voix superbe rendaient dans un style magnifique l’évocation d’Erda. — Mime a été très curieusement évoqué par Laffitte, qui s’était montré un alerte David, mais qu’on n’aurait pas soupçonné aussi ingénieusement comique et… répugnant. On remarqua l’adresse et la vérité de son débit, qui utilisait, selon l’occasion, le chant rythmé et le presque parlé. Le timbre très cuivré de sa voix le servait en ceci. Alberich, farouche et violent, ne pouvait être qu’évoqué à souhait par l’organe sonore de Noté. Brunnhilde parut assez pâle avec Louise Grandjean ; mais le tableau final avait été tellement remanié !... Mme Héglon donnait à Erda de belles notes de cloche. Enfin c’est la gentille voix de Bessie Abott qui faisait parler l’oiseau du second acte, et les robustes notes de Paty qui retentissaient dans le porte-voix de Fafner.
Rousselière succéda à Jean de Reszke : peu d’interprètes d’un même personnage pouvaient être aussi dissemblables, autant comme physique que comme talent. Siegfried perdit son style et son charme, mais gagna une fougue, un relief, une vaillance désordonnée qui n’en firent pas moins honneur au jeune ténor, dont c’est, de beaucoup, le meilleur rôle wagnérien. Dalmorès aussi parut dans le héros Siegfried, avec aisance mais sans ampleur. Fabert dut à sa voix adroite mais un peu spéciale de débuter dans Mime et d’y réussir à souhait, avec un jeu souple et