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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À PARIS

ET SES INTERPRÈTES




Le cycle incomparable des drames de Richard Wagner était à peine accompli, sur notre première scène, lorsque des événements trop peu prévus en ont brusquement éteint le rayonnement. L’Allemagne domestiquée par la Prusse, et qui doit à son culte de la force, à son matérialisme intensif l’incroyable décadence où nous la voyons dans toutes les branches de l’esprit, même dans celle où elle était sans égale, la musique, l’Allemagne se manifestait au monde comme la négatrice de tout droit, de toute justice, de toute beauté. Elle déshonorait jusqu’à l’héritage dont elle eût pu être le plus réellement fière.

Mais le beau est éternel comme la justice et comme le droit, et il revivra sur les ruines amoncelées. En attendant cette heure incertaine mais sûre de son règne, recueillons-nous et cherchons un refuge dans le passé. Évoquons un instant cette évolution radieuse de chefs-d’œuvre, si vibrante encore autour de nous, et, s’il se peut, jouissons-en encore par le souvenir, par l’empreinte profonde qu’ils ont laissée en nous.