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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/101

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— C’est vrai, » dit ma mère, en voyant déjà dans les mains du président son portefeuille et son faux passe-port qui venaient d’être saisis dans sa poche, car le premier soin des agents de la municipalité avait été de la fouiller ; « c’est vrai, je voulais fuir.

— Nous le savons bien. »

En cet instant, ma mère aperçoit ses gens qui avaient suivi les membres de la section et du comité.

Un coup d’œil lui suffit pour deviner par qui elle a été dénoncée : la physionomie de sa femme de chambre trahit une conscience troublée. « Je vous plains, » lui dit ma mère en s’approchant de cette fille. Celle-ci se met à pleurer et répond tout bas en sanglotant : « Pardonnez-moi, madame, j’ai eu peur.

— Si vous n’eussiez mieux espionnée, » lui répliqua ma mère, « vous auriez compris que vous ne couriez aucun risque.

— À quelle prison veux-tu qu’on te conduise, » dit un des membres du comité, « tu es libre….. de choisir.

N’importe.

— Viens donc. » Mais avant de sortir, on la fouille encore, on ouvre les armoires, les meubles, les secrétaires ; on bouleverse la chambre, et personne ne