Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/11

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lorsqu’il s’est attiré, à force de sincérité, les reproches des partis les plus opposés ? celle du silence et de la résignation ; à la vérité, cette abnégation n’est pas si douloureuse qu’elle le paraît, car l’espérance n’abandonne jamais le cœur de l’homme, seulement elle change de but à mesure qu’elle s’épure.

L’auteur le confesse, il connaissait de plus grands maux, des faits plus révoltants que ceux qu’il a signalés d’abord, et cependant il a cru devoir les taire ; plus tard des actes inouïs, des cruautés invraisemblables, mais réelles, sont venus faire appel à sa conscience et lui reprocher, pour ainsi dire, son respect humain. Peut être avait-il poussé à l’extrême la prudence dont il usa dans le choix des circonstances qu’il a rapportées ; néanmoins il espère trouver grâce pour sa timidité ; car en considérant la disposition des esprits au moment où il écrivait, on verra que s’il eût osé davantage, la France n’eût pas cru à ses révélations, et son livre, ignoré du grand nombre, eût été lu seulement par quelques hommes qui en savaient plus que lui sur le sujet qu’il y traite ; on l’aurait condamné