avait souffertes dans l’ancienne société, lui avait fait concevoir l’idée d’une vengeance si atroce que la bassesse de son âme et la dureté de son cœur suffisent à peine à nous faire comprendre comment il a pu la réaliser. Soumettre une nation à des opérations mathématiques, appliquer l’algèbre aux passions politiques, écrire avec du sang, chiffrer avec des têtes : voilà ce que la France a laissé faire à Robespierre. Elle fait pis encore peut-être aujourd’hui, elle écoute des esprits distingués qui s’évertuent à justifier un tel homme !! Il n’a pas volé ;… mais le tigre ne tue pas toujours pour manger.
Robespierre n’était pas féroce, dites-vous, il n’a pas pris plaisir à voir couler le sang : mais s’il l’a versé, le résultat est le même. Inventez donc si vous le voulez un mot pour l’assassinat politique par calcul ; mais que cette vertu monstrueuse soit stigmatisée par l’histoire. Excuser l’assassinat par ce qui le rend plus odieux, par le sang-froid et par les combinaisons de l’assassin, c’est contribuer à l’un des plus grands maux de notre époque, à la perversion du jugement humain. Les hommes d’aujourd’hui, dans leurs arrêts dictés par une fausse sensibilité, annulent à force d’impartialité le bien et le mal ; pour mieux s’arranger de la terre ils ont aboli d’un coup le ciel et l’enfer ! Ils en sont venus au point que notre génération ne reconnaît plus qu’un seul crime :