Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/128

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La scène que vous venez de lire lui fut racontée plus tard en détail.

Quel bonheur ! s’écrient les jeunes gens, la belle Custine, une seconde Roland ! Nous irons la tirer de prison tous les trois ensemble. »

Legendre rentre chez lui, pris de vin comme les autres, à une heure du matin ; la mise en liberté de ma mère, présentée par trois étourdis, est signée par un homme ivre ; et, à trois heures du matin, les jeunes gens, autorisés à se faire ouvrir la prison, frappent à la porte de sa chambre, aux Carmes. Elle logeait seule alors.

Elle ne voulut ni ouvrir sa porte, ni sortir de la maison.

Les jeunes gens eurent beau insister, et lui raconter le plus brièvement, mais le plus éloquemment possible, ce qui venait d’arriver, elle avait peur de monter en fiacre au milieu de la nuit avec des inconnus ; elle pensait d’ailleurs que Nanette ne l’attendait pas à cette heure-là ; elle résista donc aux instances de ses libérateurs, qui n’obtinrent que la permission de revenir la chercher à dix heures.

Ainsi, après huit mois d’une prison si périlleuse, elle prolongea volontairement sa détention de plusieurs heures.

Quand elle sortit des Carmes, ils lui racontèrent, avec beaucoup de détails, ce qui avait décidé sa mise